Zoom sur les dangers du foil
Sur l’eau, on a l’habitude de trouver un tas d’activités nautiques tels que le surf, le kitesurf, le paddle, la planche à voile (ou le windsurf pour ceux qui préfèrent la version anglo-saxonne). Depuis quelques années, un petit objet offrant la possibilité de voler sur l’eau a fait son apparition sur les spots. Zoom sur les dangers du foil et son histoire…
Le foil, cette « nouvelle » discipline à sensations
Kitesurf foil, surf foil, windsurf foil, paddle foil… le foil a conquis de nombreuses disciplines nautiques et a complètement révolutionné leur pratique. Faire du kite par moins de 10 nœuds avec une aile de 10m2, planer sur l’eau même par vent léger sans aucune onde de bruit si ce n’est l’agitation des vagues : voici quelques promesses tenues par le foil.
Bien que le foil révolutionne le monde nautique depuis quelques années, son histoire, elle, semble souvent méconnue du grand public. Riders Match vous propose un retour sur l’histoire de cette fameuse dérive… La première forme de foil est apparu dans les années 1860, ce n’était alors que des prototypes. C’est donc dans les années 1980 que les premiers foils sont véritablement apparus dans le monde de la glisse. Dans les années 1990, en équipant sa planche de surf d’une dérive et se faisant tracter par un jet ski, le surfeur hawaïen Laird Hamilton devient l’un des précurseurs du foil. Cependant, ce n’est qu’à partir des années 2000 qu’ils seront utilisés, grâce à l’apparition de nouvelles technologies et matériaux tels que le carbone, qui répondent aux contraintes que présentait le foil. Le but principal de sa création étant de « réduire considérablement l’influence de la traînée sur les coques« . Depuis, le concept du foil se propage dans différentes disciplines, bouscule les opinions et interroge une fois de plus le monde de la glisse…
Gare aux dangers du foil
Cette pratique a fait une entrée spectaculaire sur les réseaux sociaux grâce à la vidéo surprenante du jeune waterman Kai Lenny. On le voit maîtriser le foil avec une incroyable facilité et fluidité, planer pendant plusieurs minutes au dessus de l’eau, pomper pour remonter aux larges et s’éclater sur les vagues ! Même les plus grands surfeurs comme Kelly Slater on tenté de l’imiter, en vain. Certains en ont d’ailleurs payer le prix cher. En juillet 2016, Yu Tonbi Sumitomo, surfeur japonais depuis l’âge de 8 ans, s’est retrouvé aux urgences avec de graves blessures au visage – de multiples points de sutures au front et un traumatisme à l’œil, après une séance d’initiation au foil. Cela prouve que le foil est un sujet à prendre au sérieux. Suite à cet accident, le waterman Jamie Mitchell a réagit et a tenu à mettre en garde la communauté quant aux dangers du foil. « Ces derniers temps on m’a beaucoup demandé mon avis sur la soit-disant « nouvelle » popularité du foil, et je n’ai pas vraiment répondu. Mais hier je suis tombé sur une photo qui je le savais allait apparaître. Selon moi, les foils sont faits pour les houles de pleine mer, et les spots où il n’y a personne ou presque. Les foils sont dangereux, très dangereux, et n’ont rien à faire dans les zones de surf. Oui Kai [Lenny] et quelques kids talentueux peuvent contrôler la board de manière incroyable, mais on ne contrôle pas les mouvements des autres. Je vois de plus en plus de vidéos de gens qui se mettent au foil, j’ai peur que quelqu’un un jour paie le prix fort et meurt. Regardez cette photo. Si un foil vous arrive dessus ou si vous touchez quelqu’un avec votre foil, cela se terminera mal. J’espère vraiment que les gens et les entreprises qui se font de l’argent avec ça font leur possible pour former les gens. Malheureusement cet incident n’est pas le premier ni le dernier. Je suis vraiment content que l’homme sur cette photo soit OK. S’il vous plaît, pensez aux gens autour de vous avant de vous mettre à l’eau avec ces planches. »
Suite au post de Jamie Mitchell, le japonais s’est exprimé sur les réseaux : « Les vagues faisaient un petit mètre, il n’y avait que mon père et moi dans l’eau. J’ai eu du mal avec le foil les 30 premières minutes, puis j’ai commencé à comprendre. Je me suis tellement amusé mais ça s’est mal terminé (…). Cela fait 36 ans que je surfe. J’ai cru que le foil surfing était facile : c’est facile mais surtout très facile pour devenir dangereux. Cet accident m’a appris la prudence que l’on fasse du surf, du SUP ou du foil ». Il conclut tout de même son message par une note positive « le foil est génial ».
C’est accident est la triste preuve que cette discipline n’est pas sans dangers. Les risques accidentels et traumatologiques sont nombreux et surtout mal connus. Sa pratique devient pourtant de plus en plus accessible, ce qui augmente le nombre de pratiquants et par conséquent le risque d’accidents.
Les risques accidentels et traumatologiques
Les risques accidentels et traumatologiques des sports de glisse sont sérieux et peuvent avoir des conséquences irréversibles. Les dangers du foil sont un sujet d’actualité pris de plus en plus en considération. Très récemment, une étude a été menée par Alice Hamon, une infirmière au Service de Médecine Hyperbare, Subaquatique et Maritime du Dr Mathieu Coulange à Marseille, sur les risques et traumatologie des sports de glisse à foil dans le sud-est méditerranéen. Elle dresse d’abord un portrait des facteurs de risques. Ainsi, la vitesse, qui produit une forte décélération en cas de chute, le matériel lui-même, avec ses caractéristiques tranchantes, les collisions et l’augmentation du nombre de pratiquants par sa démocratisation sont les principaux facteurs de risques. Elle précise que lors des chutes et de l’impact avec l’eau, le corps peut subir diverses contraintes. Elle relève alors des étourdissements allant jusqu’à des pertes de connaissances, des traumatismes crâniens légers et des perforations tympaniques. De plus, des dommages physiques sont constatés comme des fêlures de côtes, fréquentes surtout chez les débutants et des entorses aux genoux. Le danger concerne aussi le matériel lui-même car le foil est une lame de 50 cm à 1 m et les risques de contact du rider avec son foil sont probables et peuvent être fatal.
Quelques conseils pratiques
Maintenant que vous êtes conscients des dangers du foil, voici quelques conseils pratiques. Le premier conseil est donné par l’un des précurseurs de cette discipline, Laird Hamilton dans une interview à France Bleu. Il souligne l’importance de choisir le bon endroit pour apprendre le foil surfing. Selon lui, il faut un « endroit calme« , avec peu voire aucun autres surfeurs autour pour ne pas mettre leur sécurité et sa propre sécurité en danger. Voici d’autres conseils importants :
- Porter un casque, surtout lorsque l’on débute. Le port du gilet de sauvetage ou « impact-veste » est également conseillé pour être protégé en cas de choc ou de collision,
- Débuter la pratique du foil en étant tracté par un jet-ski ou un bateau, cela donnera un aperçu des sensations et permettra au rider de se familiariser avec cette nouvelle façon de glisser,
- S’assurer que le spot est assez profond pour ne pas abîmer le foil et mettre éventuellement le rider en danger.
Pratiquer le foil, oui, mais sans se mettre en danger !